
Vous regardez votre jardin et vous voyez des haies, une pelouse, un arbre peut-être. Nous, paysagistes, nous y voyons bien plus. Dès la première visite, en quelques minutes à peine, nous captons des indices invisibles… qui font toute la différence dans la réussite d’un projet.
Voici ce que nous observons instinctivement :
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La lumière : la boussole du jardin
Où est l’Est ? Le Sud ? Quelle lumière le matin, le soir ? L’ensoleillement guide le choix des plantes, des espaces de repos, du potager. Un espace à l’ombre permanente ne racontera pas la même histoire qu’une terrasse plein sud. -
Le vent : l’ennemi silencieux
Dans certains jardins, le vent s’engouffre, dessèche, casse. Un bon paysagiste repère tout de suite les flux d’air dominants pour protéger les zones sensibles, placer les haies brise-vent ou orienter les aménagements. -
Le sol : ce qu’on ne voit pas, mais qu’on sent
Texture, humidité, compactage… On lit le sol avec les mains autant qu’avec les yeux. Ce diagnostic rapide détermine si un sol est accueillant ou hostile aux projets futurs. -
Le voisinage : les frontières invisibles
Un jardin ne vit pas seul. Le regard d’un paysagiste embrasse aussi les clôtures, les vis-à-vis, les ombrages venus de chez le voisin. Ces contraintes façonnent les solutions d’aménagement et l’ambiance finale. -
Les usages réels (pas fantasmés)
On entend souvent : « Je veux une terrasse ici, un potager là. » Mais le paysagiste observe les habitudes réelles : où vous passez, où vous vous asseyez, où vos enfants jouent. C’est là que naît le projet juste. -
L’ambiance, le potentiel
Enfin, il y a l’intangible. Certains jardins sont enfermés, d’autres respirent. Certains appellent au calme, d’autres à l’échange. Ce ressenti guide nos choix : matières, volumes, rythmes, végétaux.
Ce que vous ne voyez pas (encore), c’est tout ce que nous captons d’emblée. Parce qu’un jardin réussi n’est jamais le fruit du hasard, mais d’une lecture attentive, presque instinctive, de ce lieu unique…